A la demande d’un Ami restaurateur, Gérald, un excellent pratiquant ayant, par son
exceptionnel travail sur lui même , compris « l’Art » , après avoir trouvé la « meilleuretechnique » et
qui a su « quitter le tapis » , lui aussi , (j’y reviendrai…) , je répond à la question
posée : « Qu’elle différence entre l’esprit guerrier et l’esprit Martial ».
Après ces quelques premières chroniques , et il y en aura d’autres , nous avons parlé du
« manque » qu’il existe dans les Arts traditionnels , et qui à l’heure actuelle relègue l’Art Martial , au rang d’une boxe pieds /poings , ou d’une pâle
copie de danse classique . Nous sommes dans cette nouvelle ère du « Verseau », et je suis le premier à m’en réjouir, dans des nouvelles énergies d’Amour et de Lumière,
mais qui ont du mal à percer, d’une part aussi de ce que les « Hommes » ne restent que des hommes…Et qu’ils n’ont pas fait « l’expérience » justement
de « comprendre » ces zones de « noir » en eux , par manque de « profondeur » , et de part la
« superficialité » qu’ils vivent dans leur quotidien , de même que ce « manque » dans l’Art Martial , qui bien vécu , compris , assimilé ,
leur aurait permis de « quitter le tapis »….. Donc, permettez moi de rester encore un peu dans le domaine
du Grossier, qui bien décortiqué et assimilé, nous permet par la suite d’aller au plus subtil… (VOIR RESUME
CHRONIQUES…).
Connaissez vous le plus grand Samouraï de tous les
temps. ?
« MIYAMOTO MUSASHI ».... dont « le traité des 5
roues » qu’il rédigea peu avant sa mort , en guise de manuel Martial , après une vie d’autodidacte passée à « chercher » et comprendre « l’Art » ,
par la voie du guerrier d’abord , avant lui aussi « de quitter le tapis » , (qui était le champ de bataille pour lui ) , et que les chefs
d’entreprises japonais à l’heure actuelle se servent, pour diriger leur entreprise …. Son parcours est typique de l’évolution logique d’un vrai pratiquant, et lorsque je connus
son histoire, elle ne fût pas sans me rappeler la Voie que je choisis.. Mais pour bien comprendre et saisir cette différence entre le guerrier et le Martial, il est impossible
de passer sous silence son historique adversaire « SASAKI KOJIRO ». Donc notre Miyamoto, fît son expérience du Sabre, par lui
même, en errant partout à travers le Japon, et en testant ces techniques dans les défis qu’il fut amené à relever et en apprenant d’autres par la même. Il découvrit
la base du sabre par son entourage proche et découvrit une « méthode » de combat au sabre, en décortiquant les différentes techniques utilisées par ses adversaires, lors des
duels et en « observant » les samouraïs des autres écoles. Ainsi, il ne fut pas un « perroquet ». Et durant son long parcours, lui aussi étudia les mouvements et les
principes de l’univers, en regardant la nature et ses merveilles. Ne resta t-il pas prés de deux années durant, à travailler la terre dans un village, comme paysan, afin de mieux
connaître la vie et lui même, en raccrochant son sabre ? Il aida les autres paysans à se prendre en charge pour lutter contre les hordes de brigands qui écumaient les provinces à
cette époque. Aima le contact de la terre, compris mieux le cycle des saisons, et celui du Yin/Yang, en cultivant des légumes. Il appréhenda l’Univers et ses préceptes, et son Art du
sabre s’affina par la justesse de ses réflexions et de sa meilleure compréhension de la vie. L’Adage du samouraï n’est il pas : « un bon samouraï laisse son sabre au
fourreau ».
L’esprit guerrier est nécessaire et à la base des Arts martiaux, afin de réaliser un bon combat, car
le guerrier, ne se donnera aucune limitation, ni dans la technique, ni dans l’esprit de la bataille même. Et ayant « travaillé » sur lui, ayant mené sa « guerre »
contre lui même, il connaîtra ses faiblesses, et pourra ainsi y remédier, mais aussi sublimera ses points forts.
Il fut donc « guerrier » dans un premier temps ; combats, relever les défis , la
grande bataille de « SEKIGAHARA »….Puis, l’esprit de notre Homme se découvrit « Martial » , par l’étude de soi même, de l’adversaire et de ses techniques ,
ainsi que par les habitudes et réflexes se dégageant des autres « techniques » . « Si tu te connais et que tu connais ton adversaire, alors tu
pourras gagner 100 batailles » (Nous allons voir plus loin, comment Myamoto le mit en pratique…). Donc, nous avons là, un personnage désireux d’aller plus
avant dans la recherche de la connaissance de soi même, et qui choisis un chemin certes difficile, mais qui est celui qui inévitablement mène à la réalisation du soi, par remise en
question incessante de ce qu’il voit, et ne prenant rien pour acquis. Lui permettant ainsi une plus grande ouverture d’esprit, et donc aucune « limitation » dans un combat. Car
non seulement il se connaît, (combien est il difficile pour un pratiquant de laisser son sabre (Art) au fourreau, (de côté), durant le laps de temps nécessaire pour le sublimer par une
meilleure « compréhension ».
Comment notre personnage, montra que sa recherche incessante d’amélioration l’amena à sublimer son esprit
« guerrier » et à la fois à se découvrir l’esprit « Martial » ? Avez vous entendu parler de ce fameux duel à « ICHIJOJI », qui est
inscrit dans les annales Martiales et guerrières du Japon. Au cours du long périple de sa vie de Rônin (samouraï sans maître), Myamoto, dut livrer un duel contre
« 80 » samouraïs, d’une certaine école. Il décida d’aller avant le rendez vous, se doutant de la forfanterie de ses adversaires. Ceci lui donna
l’opportunité de remarquer qu’à l’Est du terrain, se trouver des rizières donnant sur une colline boisée. (L’esprit Martial était entrain de naître, car de suite l’idée
d’une éventuelle retraite par ce chemin, lui apparut judicieuse). Effectivement, les ennemis le redoutant avaient prévus des hommes cachés avec des mousquets, tendus un piège pour
l’encercler. Il arriva du bon côté, ne laissant qu’une alternative aux adversaires : celle de le suivre par le chemin des rizières. Il se place sur l’arête d’une des parcelles
délimitant les plants de riz, et effectivement un seul adversaire pouvait lui faire face, car impossible d’être à deux ou plus sur cette bande étroite de terre, les autres pataugeant au
milieu de l’eau boueuse, jusqu’aux genoux et donc étant limités en vitesse de déplacement, pour un éventuel encerclement. Malgré cela, un moment donné, les attaquants devinrent plus
entreprenants que prévu. Là, l’esprit « guerrier », indispensable dans l’art martial se manifesta, car se sentant menacé, il dégaina par réflexe de survie son
« WAZIKASHI », le sabre plus court faisant partie de la panoplie du samouraï et complétant parfaitement l’action du Katana. Ainsi naquis la fameuse technique révolutionnaire
durant cette ère des « TOGUKAWA », cette de la « technique aux deux sabres ». Il parvint à en sortir indemne, et disparut à la barbe de
ses 80 adversaires… (NRD/ voyez la différence ! cette « méthode » (de survie) ne donna jamais suite à une « technique »
(codifiée)… pour les réfractaires…mais donna le nom à ce style de pratique de « Nito Ryu)
Maintenant, étudions le cas de son adversaire prestigieux que fut Kojiro.
A peu prés du même âge que Musashi, Sasaki suivit ce qu’il conviendrait d’appeler de nos jours « la
filière ». Sortit de l’école de sabre très réputée et respectée « Chujo Ryu », il créa son propre style le « Gan ryu », avec la
particularité, bien à lui, de couper en deux des hirondelles en plein vol. Il faut dire que son sabre n’était pas comme ceux
des autres samouraïs, étant plus long d’au moins une vingtaine de centimètres, et surnommé « la perche de séchage ».. Ce jeune samouraï,officiant au service
du seigneur Hosokawa , en tant que maître d’armes, eut le parcours opposé de Miyamoto, car dans le chemin des grandes écoles et de la reconnaissance sociale dés son plus jeune âge.
Pendant que celui dont il rêvait de rencontrer, parcourait le japon entier, couchant à la belle étoile et essayant de trouver sa place dans l’univers et non dans le social (reconnaissance
qu’il lui vint tout naturellement bien plus tard sans qu’il est à courir après). Très jeune reconnu de ses pairs et adulé par une « cour » assoiffée de prouesses techniques,
Sasaki, n’eut de cesse de se convaincre que sa réputation reflétait bien l’image que son Ego lui envoyait. Donc, à l’inverse de Miyamoto, il ne se donna pas les moyens de se chercher, de
découvrir ses faiblesses afin de les renforcer, de découvrir l’univers à travers lui. En un mot, « d’être au lieu de paraître ». Il chercha par tous les moyens à
défier la popularité grandissante de MUSASHI, (encore un moyen de se rassurer).
Notre jeune et beau samouraï, fier de sa réputation et de sa merveilleuse technique « tsubame
Gaeshi »défia en avril 1611 Miyamoto ; celui-ci refusa d’engager le combat et lui demanda de le reporter au lendemain soir même heure devant un temple à la sortie de la ville. A
l’heure convenue pour ce nouveau duel, il fit parvenir à Kojiro par l’intermédiaire de son jeune élève une missive lui demandant de reporter d’une année leur rencontre. En effet celui-ci
ne se sentant pas encore prêt à affronter son adversaire et se donnant du temps pour mieux le connaître préféra travailler une année de plus sur lui- même.
Enfin eût lieu la rencontre tant attendue, en avril 1612 sur l’île de Funashima à l’aurore.
Kojiro arriva sur l’île, entouré de toute son escouade et de ses parements, la veille. Durant la veillée,
ses gens d’armes l’accablèrent de louanges et de paroles motivantes.
A l’heure dite le lendemain matin, Sasaki fut prêt aux aurores. Mais qu’elle ne fut pas sa déception,
quand rendu sur la plage, il n’aperçu aucune barque à l’horizon. En effet Musashi, se rendant sur l’île à l’aide d’une barque de pêche et d’un rameur, pris le temps de dire au revoir à
son entourage et de se préparer mentalement, par la méditation. Durant le temps que prit la traversée pour rejoindre l’île où l’attendait impatiemment son adversaire, il
tailla à l’aide son Katana, un sabre en bois dans la rame du bateau, (ayant aperçu chez un forgeur de sabre, « un polisseur d’âmes » comme on l’appelait, la
« perche de séchage » de Kojiro, quelques temps avant), plus long qu’à l’accoutumée.. Il arriva avec presque deux heures de retard, son adversaire faisant des
allers-retours incessants sur le sable….Miyamoto sauta de la barque et s’avança vers son adversaire, le sabre vers le sol qui est une garde de sabre, mais en prenant soin de laisser une
partie du bout du Katana dans l’eau, puis tout en restant avec le soleil dans son dos qui commençait à poindre, leva le sabre au dessus de sa tête, lorsque Sasaki abattit son
sabre, Miyamoto fit de même, et malgré que son serre tête, fut fendu sous le coup de la perche de séchage, Kojiro rendit l’âme sous le coup du sabre en bois de Musashi, qui lui fendit le
crâne.
Même Miyamoto dit qu’il n’avait jamais rencontré d’adversaire aussi redoutable et que ce fût le plus beau
combat de sa vie. Et pourtant même après avoir affronter 80 personnes , pour lui , il risquait plus sa vie que contre un seul adversaire de cette trempe ; (cela me rappelle
un de mes élèves qui me disait un jour qu’il ne comprenait pas qu’après avoir affronter 6 adversaires ensemble dans la rue , je pouvais dire qu’un seul pouvait
très bien me défaire, cela donna lieu à de nombreuses explications, afin de lui faire comprendre cette vérité…).
Voilà, vous avez compris maintenant, « l’esprit Guerrier » est indispensable, pour la
survie, l’intelligence du combat dans l’action, le renoncement (chez les samouraïs aucune peur de la mort)…ce qui est aux antipodes des prouesses carnavalesques de la plupart
de nos « Robins des bois bondissants aux kimonos bariolés, princes des tatamis et écumeurs de médailles en tous genres »
. MAIS ! Car il y a un Mais, (on y arrive Gérald..) si nous n’en restions que là, nous ne serions qu’au même
niveau que nos adversaires défaits. La preuve, malgré toutes ses victoires précédentes, Sasaki, était mené par l’Ego et le désir de briller, de montrer et paraître. La différence fut
faite avec Musashi par « l’esprit Martial », la connaissance de la technique de l’adversaire, de ses habitudes, armes, stratégie, (arrivée en retard pour mettre
l’autre mal à l’aise et le déstabiliser dans sa position de force, (il est prêt, tout à coup il ne l’est plus), garder l’adversaire face au soleil, lui cacher la
réalité du nouveau sabre, (la longueur)…etc…Là, c’est le « Martial »,donc pour résumer , on peut avoir l’esprit guerrier, c’est bien ! une grande chance
pour la victoire, mais l’esprit Martial c’est mieux , car « ouvre et prépare l’esprit au domaine suivant…Martial contient de par son étymologie le mot guerrier, puisque « Art de
la guerre »…Voilà, cet état d’esprit nous prépare à « quitter le tapis », car empreint de pleins d’autres découvertes et réalités qui
nous amène à garder « le sabre dans son fourreau», ce que fit MIYAMOTO MUSASHI sur la fin de sa vie où il devint peintre (la calligraphie en tête de
l'article est de son pinceau), sculpteur, calligraphe et édita son « GO RIN NO SHO » (traité des 5 roues)…un modèle pour tout « guerrier » qui
se respecte et a compris la « VOIE »,après on devient un « guerrier de la lumière » à part entière, une nouvelle vie commence, un nouveau chemin,qui mène
toujours au « DAO ».
a très bientôt dans un nouvel article sur la suite logique de la recherche de
soi : « on quitte le tapis..
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