Tirer la jambe…
Comme d’habitude, lorsque je fais un tour chez Virgin, je feuillette le magazine « Karaté » afin de vérifier si ce
magazine est devenu autre chose qu’une « revue de chiotte » comme le disais si bien l’ami qui m’a appris le Qi Gong « dur » au début des
années 80, et qui était journaliste itinérant à cette revue.
Je confirme que son impression de l’époque est toujours justifiée. La seule chose intéressante dans ce mensuel, ce sont les
chroniques d’Henry Plée. Que je salue au passage et félicite pour le coup de pied qu’il donne dans la fourmilière de soi-disant grands maitres et experts qui se cantonnent à un savoir relatif et
superficiel, attaché aux grades et récompenses. Car lui étant connu, l’impact des « ces » vérités est d’autant plus grand.
Dans son dernier article, il parle de « tirer la jambe » qui est un des préceptes (Okuden) « secrets » des
grands maitres de Karaté. Vous allez constater que si pour peu vous êtes un vrai pratiquant ou chercheur martial, tous les préceptes ou soi-disant « secrets » évoqués
par ces « grands » maitres , il est très facile de les découvrir par soi même. Car en effet, en tant que chercheur, ce précepte de « tirer la jambe » avait été découvert de
tout jeune, lors d’une pratique assidue et esseulé, dans mes premières années d’étude martiale.
La forme, voilà un mot qui évoque plein de chose, (je n’ai pas dit les formes)…Quoique…effectivement, nous sommes dans un monde où la
forme à son importance « pour faire comprendre les choses ou les expliquer », mais où elle a pris le pas sur le fond. Pour un débutant la forme doit être la première des choses par
laquelle, il devra passer. Pour saisir le concept du mouvement, la stratégie du geste, la compréhension de la technique… Mais c’est la phase, primaire. Force est de constater que beaucoup de
pratiquants, y restent encore accrochés. Ils deviennent tributaires de cette « forme ». « Le maître a dit ceci ou cela, il faut faire comme ceci ou cela » … Ils n’en sortent
plus.
Depuis toutes ces années où je lis ces chroniques de Monsieur Plée, je constate que le chemin parcouru seul durant toutes ces
années de recherche, m’avait amené à découvrir tout ce qu’il relate dans ces articles. Comme quoi, c’est ce que répète à mes élèves depuis des années, si vous avez des bases
solides et saines dans l’Art, alors vous pouvez créer votre propre méthode. Pas la peine de suivre des maitres qui retiennent les infos durant des décennies. Vous pouvez aller beaucoup plus loin
par vous-mêmes, à la « condition sine qua non », d’avoir eu des bases vraiment correctes et solides.
Donc ce premier « Okuden » de tirer la jambe, est en fait la manière de se servir de sa conscience, en mettant son
« Yi » dans un endroit différent que celui déterminé par une pratique restant dans la forme…. Il dit que Carl Lewis a fait cela, pour passer sous la barre des 10 Sec. Au 100 mètres. En
fait en mettant sa conscience dans le fait de « tirer sa jambe lors d’une course, afin que le déplacement soit plus rapide, que de mettre son esprit dans le pied.
Je disais lors d’un échange téléphonique avec mon ancien meilleur élève, que lorsque l’on déplace un bras pour faire un geste quelconque, par
exemple prendre une tasse de thé ou autre chose, que la plupart des personnes mettent leur conscience dans la main qui va prendre. Essayez donc de déplacer votre bras à partir de l’épaule et
décomposer votre mouvement, ramener l’objet vers vous en « tirant le bras », mais à partir de l’épaule…
Comme en Tai Ji Quan, lorsque l’on se déplace, ce n’est pas le pied qui tourne, mais l’aine qui s’ouvre et qui fait se déplacer le pied. Comme si
vous le volant qui tourne, la colonne de direction agit, et par l’intermédiaire de la crémaillère va faire pivoter la roue, avec l’aide des rotules…etc… etc…
Aucun effort de trop, ce qui donne que le résultat est plus rapide puisque vous pouvez ainsi vous servir du gain d’énergie lors du geste pour le
déplacer plus vite…
Tout çà pour moi, a toujours était une évidence, puisque j’ai cherché des années durant, et lorsque je vois que l’on parle de ces préceptes,
garder à priori plus ou moins cachés par des maitres …bref ! Ce mot est galvaudé, d’où le petit « m »….
Donc voyez que la forme est importante au départ, je donne mon coup de poing, en tournant mon bras comme ceci ou comme cela, puis, je ferme la
main , puis etc…etc…
Mais un moment arrive où il faut se détacher de cette forme . Ne plus en être prisonnier. Là, je commence à me poser la bonne question ; Y
a-t-il un autre moyen d’y arriver, tout en gardant la même efficacité ?..
Si je démarre mon geste en mettant ma conscience à tel ou tel endroit, etc…
Puis je vais attaquer une autre phase, le ressenti… Mon bras est il lourd ou léger, mes muscles existent-ils vraiment ? Mon poing ou mon
pied fuse t’il comme une balle sortant d’un fusil, à quel endroit dois je lâcher quelque chose etc..etc…
En travaillant ainsi, avec la forme sous d’autres formes, le ressenti, le mental, la respiration et le Qi…..
Voilà, en quelques lignes… Connaissez vous les « axes invisibles »…..Comment être plus rapide dans les déplacements, comment éviter les
attaques plus rapidement, s’écarter, à quel endroit mettre sa conscience…Et énergétiquement ? Où vais-je me placer….
Encore beaucoup de questions…à vous poser…
Je peux même m’entrainer en conduisant, le paysage défile t’il, ou puis je en faire partie intégrante, jusqu’à voir
l’immobilité ?....
Puis je le mettre en pratique dans mon Art ?...
Bon, il suffit nous verrons çà une autre fois…
Cela va permettre des réflexions judicieuses…
C’est pour toutes ces raisons évoquées plus haut,(entre autres,) que dans ma méthode, il n’y a que des degrés de compréhension de l’Art
…
C’est à l’élève de créer sa propre forme, par son ressenti et sa compréhension. Et pour cela qu’il n’y a pas de Katas, Taos
etc… Pour ne pas rester prisonnier de la forme…
Le fond doit exprimer la forme, et non l’inverse….